Au coeur de la profession de zoothérapeute

La zoothérapie existe depuis des décennies, mais elle demeure tout de même une approche méconnue. Plusieurs mythes continuent d’être véhiculés sur le sujet. Par exemple, certaines personnes pensent qu’il ne s’agit pas d’une intervention structurée et que la zoothérapie n’a pas fait ses preuves!


Or, contrairement à la croyance populaire, la zoothérapie ne correspond pas à des visites animalières. En effet, la zoothérapie va beaucoup plus loin que le simple fait d’amener un animal dans un foyer pour personnes âgées. En zoothérapie, notamment lorsque l’on parle de thérapie assistée par l’animal (TAA), il existe un cadre d’intervention. L’intervention doit être planifiée et elle nécessite une implantation rigoureuse mise en place avec les professionnels du milieu. Le professionnel formé en zoothérapie suivra un processus d’intervention et devra respecter des étapes précises.


FullSizeRender_1.jpg



Tout d’abord, il recueillera des données, par exemple par le biais d’entrevues ou d’observations afin de cerner les forces, les limites et les besoins du client. Suite à cette cueillette de données, il établira un bilan biopsychosocial du client. C’est d’ailleurs grâce à cette analyse qu’il planifiera l’intervention et qu’il ciblera un but et des objectifs d’intervention. Conséquemment, il réalisera, avec la collaboration de l’animal sélectionné, l’intervention auprès du client.


Finalement, il évaluera les résultats de cette intervention. Il est également important de mentionner que chacune des étapes du processus d’intervention est documentée. Bref, l’intervention détient une visée thérapeutique et nécessite un travail laborieux et planifié qui correspond à une intervention structurée.

IMG_3239.JPG



Concernant les recherches scientifiques sur la zoothérapie, il est vrai qu’il en existe peu et que celles-ci sont plutôt récentes. Cependant, plusieurs recherches, notamment les recherches cliniques, soulignent les bienfaits des animaux chez les humains. Par exemple, pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les recherches démontrent des bienfaits sur le plan social et sur le plan cognitif. Ainsi, les chercheurs remarquent que l’animal facilite le langage non verbal auprès de cette clientèle. Par exemple, les chercheurs notent qu’il y a augmentation des regards, des contacts tactiles, de la fréquence et de la durée des sourires, etc.

IMG_6785.jpg



De plus, on remarque que les animaux sont associés à une notion d’éveil et de souvenirs chez cette clientèle. Conséquemment, ces souvenirs seront en lien avec la mémoire ancienne et cette mémoire, dite réactive, aura des répercussions positives au plan cognitif. Bref, ce ne sont que quelques exemples des bienfaits des animaux en contexte d’intervention, mais de multiples effets tant au point de vue biologique, psychologique ou social sont remarqués, et ce, pour différentes clientèles.


Et que se passe-t-il lors d’une intervention de zoothérapie?

Tout d’abord, l’intervenant va planifier une intervention qui tient compte des besoins du client. L’animal, lui, sera un partenaire lors de l’intervention. Par exemple, lorsque l’on travaille les habiletés sociales d’un enfant ayant un trouble envahissant du développement (TED), l’animal va venir encourager les apprentissages du jeune. Les interventions en zoothérapie sont souvent simples et concrètes. Ainsi, dans le cas de l’enfant ayant un TED, un objectif pourrait être que l’enfant salue deux personnes lors de sa marche de 15 minutes avec le chien, dans le parc. C’est une activité qui est simple, mais qui prend tout son sens dans l’intervention et qui permet à l’enfant de travailler ses habiletés sociales de façon amusante. Il est également important de mentionner que les interventions s’effectuent sur une fréquence prédéterminée.

En effet, il est essentiel d’avoir un certain suivi de l’intervention afin de faciliter l’atteinte des objectifs thérapeutiques. Bref, les interventions doivent être significatives pour le client, elles doivent faire sens pour lui. Elles sont également toujours en lien avec l’objectif ciblé. Par exemple, pour pratiquer la motricité fine d’un enfant, l’intervenant pourrait demander à l’enfant de nourrir le chien, d’attacher son collier, de lui lancer un os, etc. Même les plus petites stratégies peuvent avoir de grandes répercussions dans le développement de la personne.


Est-ce que l’intervenant documente ses interventions?

Oui, assurément, il est essentiel que les étapes du processus d’intervention soient documentées pour assurer un suivi adéquat de la personne en besoin et lui fournir une aide significative. D’ailleurs, pour que le professionnel puisse établir un plan de service individualisé ainsi qu’un plan d’intervention pour la personne en besoin, il devra tenir compte et analyser des données recueillies auprès de la famille, des aidants naturels, du médecin, du spécialiste, de l’éducateur ou de toute autre personne entourant le client. Mais ça ne s’arrête pas là!

Comme il a été mentionné précédemment, les observations de l’intervenant faites au cours des séances de zoothérapie seront aussi documentées dans un rapport d’intervention. Ce rapport inclura également la planification de l’intervention et relatera les actions réalisées lors des séances de zoothérapie. Les réussites obtenues, les difficultés rencontrées et les résultats des activités proposées seront aussi comptabilisés. Finalement, ces données permettront d’évaluer les résultats d’intervention qui seront inscrits au dossier et de valider le plan d’intervention et la planification des interventions de la personne en besoin.


Existe-t-il uniquement des professionnels formés en zoothérapie?

Non, puisqu’il y a également des individus formés en zoothérapie, mais qui, de par leur profil d’intervenant, ne font pas partie d’un ordre professionnel et ne sont pas identifiés comme professionnel ou paraprofessionnel. Ces intervenants en zoothérapie n’établiront pas le plan d’intervention en soi, mais ils pourraient collaborer avec l’équipe multidisciplinaire de façon à adapter les objectifs d’intervention. L’intervenant en zoothérapie planifiera son intervention en intégrant son partenaire animalier et en tenant compte des besoins du client. Il réalisera les activités assistées par l’animal.


Avec qui collabore le zoothérapeute alors?

Le zoothérapeute peut effectivement travailler au sein d'une équipe multidisciplinaire. Il collabore alors avec les professionnels ou les paraprofessionnels tels que psychologue, ergothérapeute, psychoéducateur, travailleur social, orthopédagogue, éducateur spécialisé, etc. Il travaille avec l'animal sélectionné bien sûr, et tous les intervenants liés à son bien-être. On parle ici entre autres du vétérinaire, du gardien de l’animal, de l’éducateur animalier, etc.

« L’animal, lui, sera un partenaire lors de l’intervention. » « L’animal en zoothérapie est évalué au préalable, puis sélectionné en fonction de l’intervention à réaliser en considérant les besoins spécifiques du client. » Enfin, il consultera d’autres partenaires tels que la famille, les aidants naturels ou les proches signifiants selon l'âge et les besoins du client.


Mais y a-t-il des risques de blessures ou de transmission de maladies?

En premier lieu, rappelons que l’intervenant en zoothérapie formé possède les compétences requises non seulement en relation d’aide, mais également en comportement animal. Il saura aussi gérer l’environnement où l’intervention aura lieu de façon à rendre sa pratique sécuritaire et sécurisante pour son client en présence de son partenaire animal. Cela signifie entre autres que le zoothérapeute saura reconnaître les signes de stress et comprendre l’animal pour ainsi prédire ses comportements et, au besoin, le retirer de l’intervention. Il est aussi très important de mentionner que l’animal en zoothérapie est évalué au préalable, puis sélectionné en fonction de l’intervention à réaliser en considérant les besoins spécifiques du client.

Dans ce contexte, les animaux démontrant des comportements à risque sont éliminés de la pratique de la zoothérapie. L’intervenant en zoothérapie a aussi le devoir de s’assurer que cet animal sélectionné soit suivi de façon régulière par un vétérinaire et que tous les moyens servant à prévenir les zoonoses soient mis en place. Cela inclut la vaccination de l’animal, un bilan annuel, etc. Il faut aussi comprendre que toutes les maladies ne sont pas des zoonoses, c’est-à- dire une maladie transmissible entre espèces différentes. Il est important de faire cette distinction, et aussi de rappeler que d’autres maladies propres à l’humain sont à surveiller puisqu’elles pourraient être transmises du fait que l’animal sera possiblement en contact avec plus d’une personne en besoin le même jour.

Ainsi, le zoothérapeute, dans sa pratique professionnelle, devra également veiller à l’hygiène du client en lui demandant, par exemple, de se laver les mains. Il devra également faire en sorte d’éviter tout contact de l’animal avec une personne ayant par exemple une grippe, une conjonctivite ou une gastroentérite. Par de tels moyens, les risques liés aux blessures et à la transmission de maladies sont véritablement minimes et il n’y a pas lieu que la personne en besoin s’inquiète à ce sujet.


Afin de faire preuve de professionnalisme, quelles sont les compétences à développer pour être un zoothérapeute accompli?

Dans un premier temps, un zoothérapeute doit faire preuve de sensibilité, démontrer de bonnes capacités d’observation tout en étant respectueux, discret et bienveillant. Il doit également avoir la capacité de reconnaître son rôle au sein de la dynamique intervenant-client-animal ainsi que ses habiletés et ses limites. À cela s’ajoutent des compétences particulières.

Celles-ci sont développées à partir d’une connaissance approfondie de la zoothérapie et de ses éléments connexes, à partir d’un savoir-faire éprouvé et d’un savoir-être dénotant une attitude empathique, une bonne capacité d’écoute et de discernement. Les compétences que l’intervenant en zoothérapie doit développer ne se limitent pas qu’à l’intervention. Elles incluent également la promotion de la zoothérapie, la gestion de risque, la capacité de transiger avec divers partenaires, le comportement animalier et bien d’autres encore.



Source: Tous ces textes sont tirés de La zoothérapie, sous tous ses poils, dont les auteurs sont Marie-Ève Bernier, Nathalie Beaudin, Maryse Perreault, Joannie Bouliane-Blais, Caroline Charron-Laporte, 2011 – Tous droits réservés ©