Maryse Perreault

Sécuritaire la zoothérapie ?


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C’est la question que se posent plusieurs personnes qui, un jour ou l’autre, entendent parler de la zoothérapie. Et d’autant plus si elles sont directement ou indirectement touchées par cette approche. Car, des risques, il y en a. Mais il y a aussi toute une série de mesures pour les prévenir, ainsi que des règles d’éthique et de déontologie pour encadrer cette pratique.

Lorsque l’on comprend les bénéfices possibles de la zoothérapie, il est tout naturel de se questionner sur les risques qui peuvent être encourus et les moyens pris par l’intervenant en zoothérapie pour les prévenir et les gérer.



En effet, on ne peut négliger les risques de blessures, de morsures, d’allergies, de comportements agressifs, de zoonoses (maladies transmissibles de l’animal à l’humain et vice-versa), d’attachement entre le client et l’animal, etc. On pense beaucoup au client quand on parle de tels risques, mais ceux-ci s’appliquent également à l’intervenant en zoothérapie ainsi qu’à l’animal partenaire.

L’intervenant en zoothérapie doit mettre en place un cadre garantissant une certaine sécurité pour tous dans sa pratique. Ceci comprend, entre autres, la compétence et la formation de l’intervenant et de son animal partenaire, les assurances de responsabilité civile et professionnelle, un protocole en cas d’incident ou d’accident, la sélection des participants, la sécurité des milieux où est pratiquée la zoothérapie, un code d’éthique.



Il est primordial que l’intervenant connaisse très bien son animal partenaire; qu’il reconnaisse ses signaux de stress et d’apaisement; qu’il comprenne ce que l’animal lui transmet comme message; qu’il puisse prédire ses comportements. Ainsi, bien des situations fâcheuses peuvent être évitées. Concrètement, cela signifie que l’intervenant choisit avec soin son animal partenaire en s’assurant qu’il est socialisé, équilibré et mature. L’animal est suivi de près par son vétérinaire et il a reçu tous les vaccins. Il est propre et sa présentation est soignée. Bref, l’intervenant doit s’assurer que son animal partenaire est en bon état de santé physique et psychologique. C’est sa responsabilité d’être prévenant quant aux besoins de son animal et de le préserver des risques. C’est aussi la responsabilité de l’intervenant d’établir clairement, auprès de l’établissement pour lequel il travaille, son protocole de gestion de risques et de l’arrimer avec ce qui se fait dans l’établissement, par exemple la marche à suivre en cas d’incident. Il doit intervenir dans le respect de la philosophie, des valeurs et des règles d’éthique de l’établissement.



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De plus, il doit mettre en œuvre les mesures nécessaires, en éduquant et en informant le personnel et la clientèle du milieu, pour que sa propre approche soit respectée dans sa globalité (règles de sécurité par rapport à l’animal, respect des limites du contrat, etc.). L’important est de se souvenir qu’il faut trouver l’équilibre acceptable pour chacun entre risques et sécurité. Car un risque bien géré est propice à l’ouverture, aux changements et à la croissance pour chacun des acteurs.


Il faut noter que la profession de zoothérapeute, ou plutôt d’intervenant en zoothérapie, n’est pas un titre protégé, elle n’est régie par aucun ordre professionnel ni aucune association. Plusieurs écoles privées offrent une formation en zoothérapie. Une seule formation au Québec est reconnue par le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, il s’agit de l’attestation d’études collégiales (AEC) Stratégies d’interventions en zoothérapie offerte par le Cégep de La Pocatière .

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La zoothérapie est souvent pratiquée par des professionnels en relation d’aide qui ont ajouté la zoothérapie à leur champ de compétences en suivant une formation, d’où l’importance de s’assurer et de bien vérifier la formation de base de l’intervenant et voir s’il appartient déjà à un ordre professionnel (ex. : ordre professionnel des travailleurs sociaux, psychologues, ergothérapeutes, physiothérapeutes) ou à une association (ex. : éducateurs spécialisés) dans le domaine de la relation d’aide. Dans ce cas, sa pratique est régie préalablement par son ordre professionnel ou son association. Ce qui signifie que sa pratique est balisée par un code d’éthique et de déontologie qui agit dans un cadre légal et qu’il possède des assurances de responsabilité civile et professionnelle.

Ainsi, il est tenu à la confidentialité et au secret professionnel. De plus, certains intervenants en zoothérapie ont mis sur pied leur propre code de déontologie pour leur entreprise. Dans tous les cas, les intervenants en zoothérapie doivent respecter le code de déontologie de l’établissement où ils offrent leurs services. Également, lorsqu’on parle de zoothérapie, on parle bien sûr d’animaux. En tout temps, l’intervenant doit tenir compte des considérations éthiques envers son animal partenaire.

L’intervenant en zoothérapie ne veut pas d’un animal-robot. Il veut un animal qui a de vrais comportements animaliers naturels, ce que l’on appelle l’autodétermination, car c’est cela qui permet d’être vraiment aidant avec une personne en besoin. L’intervenant en zoothérapie vise une collaboration réelle, une inclusion de tous les acteurs dans la relation et pour cela, le rôle et la considération de l’animal ne doivent pas être de second ordre.

Dans les faits, ces considérations éthiques envers l’animal peuvent se manifester de différentes façons, en voici quelques exemples : un suivi vétérinaire régulier, l’animal partenaire ne doit pas présenter de douleurs ni de blessures, il doit prendre des pauses, il doit être respecté dans ses décisions, il doit être protégé de l’abus ou du danger lié à la clientèle, etc. L’animal est un être sensible et intelligent, il doit être considéré comme tel tant par l’intervenant que par les clients. C’est le travail de l’intervenant d’éduquer sa clientèle au respect de l’animal. Bref, l’animal doit aussi y trouver son compte, c’est un partenaire, ne l’oublions pas!



Source: Tous ces textes sont tirés de La zoothérapie, sous tous ses poils, dont les auteurs sont Marie-Ève Bernier, Nathalie Beaudin, Maryse Perreault, Joannie Bouliane-Blais, Caroline Charron-Laporte, 2011 – Tous droits réservés ©

La zoothérapie cette inconnue

Les relations humain-animal font partie de la réalité humaine depuis des millénaires, de la Grèce antique au Moyen Âge, du York Retreat d’Angleterre (1792) aux établissements américains (1919 et 1972), des études de Boris Levinson dans les années 50 à nos jours… comment conçoit-on aujourd’hui cette relation humain-animal dans un cadre de relation d’aide, telle que nous l’apporte la zoothérapie?


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La zoothérapie, née des études de Boris Levinson dans les années 50 et telle que nous la connaissons aujourd’hui, s’inscrit désormais au Québec parmi les sources de relation d’aide accessibles à toute personne en besoin. Elle repose particulièrement sur une triade composée de la présence de la personne ayant un besoin et en recherche d’aide, de l’intervenant en zoothérapie et de l’animal sélectionné à cet effet. De plus, divers savoirs sont requis pour mettre en place une telle triade, soit des connaissances particulières en relation d’aide et en relation animalière, un savoir-être, d’ailleurs essentiel à tout intervenant œuvrant en relation d’aide, et un savoir-faire particulier permettant à l’intervenant d’agir en triade vers les objectifs fixés.



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Dans le contexte offert par la zoothérapie, cette triade devient un espace protégé, sécuritaire et sécurisant. L’humain à travers l’animal présent parlera de soi, se dévoilera, s’affirmera et se livrera dans ses interactions avec l’animal, en fonction de sa perception de l’animal et de son rapport à ce dernier. Il créera des liens et développera une relation avec cet animal. Il prendra contact avec l’autre dans ce qu’il a de similaire. Au même moment, cet animal sélectionné saura refléter par son comportement ou sa réaction spontanée, ces émotions qui habitent l’humain face à lui.



Appuyé par l’intervenant en zoothérapie, dans ce processus dont l’animal fait partie intégrante, l’humain apprendra sur lui-même, amorcera un changement vers l’atteinte d’objectifs précis établis au préalable, pour éventuellement généraliser ses nouveaux acquis à une expérience réelle dans son milieu de vie.



Pour ainsi dire, la présence de l’intervenant est essentielle. Cette personne formée en zoothérapie ajoute la dimension animalière à son intervention. En collaboration avec un professionnel du monde médical, elle saura adapter et réaliser l’intervention en ajoutant la dimension animalière à la thérapie. Elle a un rôle précis en intervention : lire la réaction de l’animal et l’interpréter en fonction de la difficulté de la personne en besoin. Son rôle en est aussi un de soutien visant à aider le client à trouver en lui les moyens ou les solutions pour d’abord gérer relation avec l’animal, ou encore répondre à ce dernier de façon adéquate, en vue d’un éventuel transfert de ses acquis relationnels vers ses relations avec l’humain dans son milieu de vie.

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Là où d’autres formes de relations d’aide n’arrivent pas à combler le besoin ou n’apportent pas de réponses suffisamment intéressantes, la zoothérapie peut aider la personne à nommer une difficulté, à l’apprivoiser et à la surmonter. Aussi, la zoothérapie s’adresse tant aux enfants en difficulté d’apprentissage qu’à l’adolescent ayant un trouble de comportement, à l’enfant ayant un trouble envahissant du développement (TED) ou un trouble d’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), à l’adulte en réhabilitation physique, en santé mentale ou auprès de la personne âgée atteinte de la maladie d’Alzheimer, etc.

Il est important de souligner que, pour appuyer la personne en besoin au sein de la triade, en plus de l’intervenant et de l’animal, les partenaires de son milieu de vie jouent un rôle primordial. Il peut s’agir entre autres de l’équipe clinique composée du médecin, de l’infirmière, du psychologue, de l’ergothérapeute, du physiothérapeute, de l’orthophoniste et d’autres spécialistes de la santé. Se greffe aussi à cette panoplie de partenaires l’éducateur spécialisé, le professeur, le travailleur social, sans oublier le parent et tout aidant naturel, qui d’ailleurs sont les premières personnes concernées, mis à part la personne en difficulté.


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Ainsi, qu’il s’agisse d’une difficulté d’ordre affectif, social, cognitif ou physique, la zoothérapie peut aider. Elle s’exerce à l’occasion dans un cadre récréatif ou dans un cadre éducatif, et très souvent dans un cadre thérapeutique. Elle se compose d’activités assistées par l’animal (AAA) dont les bénéfices ont un impact indéniable sur la qualité de vie des participants ou de thérapies assistées par l’animal (TAA) qui se distinguent du fait qu’elles sont adaptées à la personne en besoin ou à la condition médicale de cette dernière.

Ces thérapies dirigées incluent des objectifs et des stratégies d’intervention visant l’amélioration des fonctions physiques, sociales, psychologiques, émotives et cognitives au sein d’un processus documenté. L’encadré indique toutes les nuances entre les AAA et les TAA. De plus, de par sa nature où l’interaction du client avec l’animal est encadrée, la zoothérapie se distingue de la visite animalière dont le seul but est de divertir.

De même, la zoothérapie se distingue du simple fait d’avoir chez soi une présence animale, puisque dans cette situation, aussi habile que l’animal puisse être à entrer en relation, il n’offre pas le soutien de l’intervenant aidant la personne à agir sur ses difficultés. La zoothérapie offre en fait d’autres avenues à la personne en besoin pour surmonter ses difficultés dans un cadre sécuritaire et sécurisant. Elle valorise le développement des relations humaines et du savoir-être à travers la relation humain-animal, une relation qui se veut saine, équilibrée et respectueuse.

Elle est en plein essor au Québec.

Renseignez-vous!

Il est avantageux de la découvrir et de la connaître.

Source: Tous ces textes sont tirés de La zoothérapie, sous tous ses poils, dont les auteurs sont Marie-Ève Bernier, Nathalie Beaudin, Maryse Perreault, Joannie Bouliane-Blais, Caroline Charron-Laporte, 2011 – Tous droits réservés ©